Intégré Soulnote A-3 : impression d’écoutes

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La famille Soulnote s’agrandit chez T&T avec l’arrivée du tout nouvel intégré haut de gamme A-3 !

Nous n’allons pas refaire la liste de toutes les spécifications techniques, que vous retrouverez dans la fiche produit. Soulnote nous met l’eau à la bouche en nous expliquant que le A-3 rassemble en 1 seul appareil le préamplificateur P-3 et 2 blocs d’amplification M-3, avec quelques adaptations, on s’en doute bien. Mais quand même, cela ressemble à un impressionnant tour de force car le A-3 reste sur un format classique largeur/profondeur, avec une hauteur raisonnable de 16 cm sans les pointes (20,5 cm avec les pointes et la base bois livrée avec l’appareil). Nous sommes donc très impatients de voir si cette promesse très ambitieuse est tenue…

Un mot sur l’appareil en général et les fonctionnalités : en premier lieu, la qualité de fabrication est sans reproche, avec une esthétique à la fois classe et statutaire, les proportions sont harmonieuses. Les boutons de sélection de source et du volume sont très agréables et souples à la manipulation. L’affichage de la source et du volume est bien lisible, et il est débrayable, ce qui ne laisse dans ce cas que la Led de mise sous tension visible.

Côté connectique, on a droit à 4 entrées RCA et 3 entrées XLR, on a également droit à une sortie Rec Out. Les bornes HP sont de très belles facture, avec en particulier un serrage très qualitatif des fourches. A noter que toute la connectique est montée “flottante” sur le châssis pour minimiser la propagation des vibrations parasites. On trouve également en face arrière des petits sélecteurs pour les fonctions suivantes :

  • sélection du point chaud en XLR (suivant l’origine des électroniques)
  • Sélection masse commune droite/gauche ou masse séparée
  • Sélection mode bypass (ampli de puissance, RCA ou XLR)
  • Mode leader/follower en cas d’utilisation en multi-amplification

En face avant, outre le sélecteur de source et le réglage de volume, on retrouve des Led d’indication pour le Rec Out, pour le by-pass RCA et XLR, ainsi qu’un bouton Mute. Une télécommande reprend l’ensemble des fonctions.

Mise en oeuvre : l’installation ne pose pas de contrainte particulière, l’appareil est livré avec 3 pointes, 3 entretoises et une plaque en bois dur (comme les autres appareils de la série 3), nous l’avons donc tout simplement installé sur notre meuble Atacama. Côté génération de chaleur, le A-3 ne chauffe vraiment pas beaucoup, il est à peine tiède en utilisation prolongée. Il est cependant recommandé de laisser un espace suffisant surtout au dessus de l’appareil pour une ventilation optimale.

Comme toutes les électroniques, surtout à ce niveau de prix, la période de rodage est essentielle, incontournable. Aussi, même si le A3 dévoile rapidement des qualités très intéressantes, il convient d’attendre 3 à 4 semaines d’utilisation continue H24 avant de pouvoir juger de son plein potentiel. Nous avons donc laissé le A-3 en fonctionnement en permutant sur plusieurs types d’enceintes (Joy Extrême, Nel Ultime, Nel Extrême, Nora, PF2 Signature et même sur le prototype Alhéna 3 voies (2 HP de 24 cm en clos, medium 16 cm, tweeter Berylium). Ce fût l’occasion, avant même les écoutes attentives, de noter avec quelle facilité et quelle justesse le A-3 drive les enceintes que l’on peut lui associer, y compris de grosses 3 voies dont l’impédance descend à 2,4 ohms dans le haut-grave. Une fois le rodage terminé, les écoutes attentives ont été réalisées sur les toutes nouvelles enceintes PF2 Signature, source Soulnote S-3, X-3, Z-3, câblage Absolue Créations séries Tim Extrême/Tim Infiny.

A plus de 20 000 €, j’attend d’un intégré de belles performances en termes de timbres, dynamique, scène sonore, transparence, mais surtout j’attend quelque-chose qui m’implique, qui me touche, qui vient me chercher et me fait ressentir quelque-chose d’intense, d’inhabituel… Et c’est exactement ce que fait le A-3 !

Une très grosse erreur serait de déduire ce que fait le A-3 à l’écoute à partir des chiffres publiés par le constructeur (2 x 120 W, 0,27% THD…). Ici on touche du doigt la difficulté (l’impossibilité) de corréler des informations techniques chiffrées et les résultats d’écoute. Pour commencer par la puissance, le A-3 m’a fortement impressionné par sa capacité à driver les prototypes Alhéna avec une facilité déconcertante, sans aucun sentiment d’essoufflement ou de début de tassement dynamique, avec une énergie instantanée toujours disponible sur toute la bande de fréquences ! Même si les chiffres de puissance du constructeur sont très conservateurs, il est clair que les 2 transformateurs de 700 VA, aidés par la généreuse banque de condensateurs de valeur unitaire modérée permet au A-3 de répondre aux appels de courant de manière extrêmement rapide et avec toute l’amplitude demandée. On peut donc d’ores et déjà être rassurés sur le fait que le A-3 sera à même de driver de grosses enceintes sans atteindre ses limites.

Mais ce qui caractérise en premier le A-3, c’est cette impression de justesse, de vrai, on a ce sentiment immédiat que tout est à sa place. On ressent une sorte d’apaisement, de plénitude, d’évidence à l’écoute, accompagnés d’un intense plaisir, spontané, fondamental, instinctif. Si je cherche à décrire ce qui se passe, je dirais en premier lieu qu’avec le A-3, on n’entend pas les transistors, on n’a pas cette petite trace électronique presque toujours sous-jacente à l’écoute, surtout avec des appareils à transistors en classe A/B : la machine réussit à se faire totalement oublier, et j’attribue cela à la très grande rigueur de conception, avec en particulier un réglage de volume par réseau de résistances de haute qualité via des relais également très soignés, un grand soin apporté au choix et à l’appairage des composants, un filtrage d’alimentation via une batterie de condensateurs de haute qualité et de faible valeur unitaire, le schéma sans contre-réaction, un étage de sortie “simple” avec seulement 2 transistors par canal… On peut remarquer que chaque aspect de la conception a été très finement optimisé pour ne laisser subsister que le minimum de signature propre, pour altérer le moins possible le signal d’entrée.

La force du A-3 est de ne pas se distinguer par des performances superlatives sur 1 ou 2 critères, en étant simplement “bon” sur les autres. Dans ce cas de figure, on est impressionné par les qualités mais on remarque encore plus les manques ou les limitations… Le niveau exceptionnel sur un seul critère fait en effet mécaniquement remarquer les autres aspects qui ne suivent pas, et ça, c’est très gênant à l’écoute : une fois que l’on a remarqué un déséquilibre, on n’entend plus que ça…

De mon point de vue, le travail de développement du A-3 a visé à élever au même niveau chacun des aspects, sans absolument rien négliger. Du coup, ce qui s’impose à l’écoute, c’est l’évidence, la justesse, la cohérence ultime, l’incarnation, le réalisme, l’immersion dans la réalité de la prestation. On comprend vite que le A-3 ne cherche pas à être le héros de l’histoire : le héros, c’est la musique ! Il cherche juste à disparaitre à son profit, mettant toute son énergie pour la laisser s’exprimer dans sa forme la plus pure et la plus complète.

Sur le registre de la dynamique, on ressent immédiatement la réserve de puissance instantanée et en même temps un infini respect des petits signaux : du coup les écarts dynamiques les plus importants, les forts impacts répétitifs sont retranscrits avec réalisme, parfois de manière impressionnante mais jamais surjouée. On ne ressent aucun effet de compression sur les forts impacts, et les passages complexes sont restitués en laissant toute leur place aux plus infimes détails. Le niveau de résolution nous informe sans efforts sur les conditions d’enregistrement et de production du morceau, on comprend spontanément ce qui se passe.

Cette dynamique n’est cependant jamais caricaturale, et surtout elle reste réaliste quel que soit le spectre de fréquences concernée : on a le même ressenti d’énergie sur une ligne de basse, une masse orchestrale ou une trompette, l’équilibre du “vrai” reste conservé quels que soient les écarts dynamiques du morceau. Que ce soit sur de l’opéra, des grandes masses orchestrales, du métal du rock, de l’électro, jamais le A-3 n’en met une à côté, même à des niveau d’écoute très soutenus.

A noter également le fait que le A-3 réussit à rendre palpable les bruits les plus ténus, en restituant parfaitement les dimensions, les matières, la réverbération dans l’espace… Soyons clairs, quasiment tous les amplificateurs du marché sont parfaitement linéaires si on mesure leur réponse en fréquence, mais cela n’est pas forcément le cas en termes de ressenti sur de la vraie musique, où il s’agit de répondre avec la même rapidité, avec un amortissement toujours optimal, quel que soit la composition du spectre de fréquence à retransmettre, et sur ce point, le A-3 est remarquable et procure ce ressenti de cohérence inébranlable, ce sentiment de crédibilité de la prestation de l’artiste. De cet équilibre tonal parfaitement maitrisé en dynamique, découle une fidélité et une richesse de timbres exceptionnelles. On a tendance à couper en morceaux les performances d’un amplificateur, mais au final, si celui-ci est capable de fournir en instantané le bon niveau dans le bon timing, sans amortir les transitoires et sans sur-oscillations, alors tous les paramètres sur lesquels on juge habituellement seront excellents.

On retrouve donc sans étonnement une scène sonore extrêmement bien matérialisée, superbement palpable, qui s’étend virtuellement sans limite suivant le morceau, bien au-delà du champ des enceintes parfois, en largeur, en profondeur, et également en hauteur, comme par exemple sur Perfect sense Pt 1, de l’album Amused to death de Roger Waters, ou l’orage se propage dans la totalité du volume de la pièce, et même au delà, comme si l’on écoutait en extérieur, avec un ressenti de tridimensionalité vraiment très proche du réel.

De même, la transparence profite de cet équilibre parfait et de cette capacité à retranscrire les plus infimes détails dans toute leur complexité : au delà de la compréhension très fine et sans effort de tout ce qui se passe dans le morceau, on a accès aux particularités des micros, aux conditions d’enregistrement et aux spécificités de montage du morceau de manière évidente.

Un mot sur la restitution du registre grave, qui est un des paramètres qui veut varier sensiblement suivant les amplificateurs : en termes de contrôle, on est très très proche de ce que fait un amplificateur classe D de référence comme le SPEC F33, ce qui n’est pas un mince compliment ! D’ailleurs son comportement avec des enceintes à impédance très basse démontre sa capacité à driver des grosses gamelles sans jamais perdre le trip. Du coup le sujet du grave est abordé ici plus dans l’objectif de rassurer au vu des fréquentes questions sur ce sujet, mais si le système est bien construit autour du A-3, le grave n’est en réalité pas un sujet, tant il est intégré au message sans jamais jouer tout seul ou se faire remarquer d’une manière ou d’une autre. On a donc droit à toute la palette de couleurs suivant les morceaux, du plus sec au plus ample, avec toujours la juste intensité, et une compréhension fine des modulations, parfaitement détourées et intelligibles. A noter la très belle extension dans le sous-grave, qui procure cette profondeur et cette sensation d’espace totalement palpable et réaliste.

Mais pour revenir à l’essentiel, le A-3 ne se décrit pas par un panel de notation sur des critères (même s’il aurait des notes exceptionnelles), mais par sa capacité à vous inviter en VIP à la prestation de l’artiste, avec à la clé un plaisir vrai, intense, et surtout durable ! Ici pas de flatterie dont on se lasse au bout de quelques jours ! Et sur ce critère global, il aurait une note toute proche du maximum ! Le plaisir à l’écoute représente plus que la somme de toutes ses qualités, le superbe équilibre et le naturel de restitution font très vite oublier toute considération analytique.

On a à la fois le naturel et le détail, la puissance et la subtilité, l’expressivité et la douceur, une scène sonore sans limite et une intelligibilité maximale, le côté spectaculaire, mais relax et naturel en même temps, la matière et la densité de la scène sonore tout en percevant des plus infimes détails en fond de scène… Le A-3 ne fait pas la moindre faute de gout, alors on peut certainement (on peut toujours) aller plus loin, mais, à ce prix là, je n’en suis pas certain au moment ou j’écris ces lignes, en tout cas si retrouver l’émotion de la prestation des musiciens est la priorité.

Pour terminer, et pour mettre les choses en perspective, il faut bien rappeler que l’on écoute un système dans son ensemble. Et le système Soulnote série 3 dans son ensemble associé aux enceintes PF2 Signature, câblé en Absolue Créations impressionne par sa vérité, son naturel, son intensité, sa justesse et sa subtilité. On a plus une grand fenêtre ouverte sur la musique, on est des invités privilégiés installés dans le studio, ou dans la salle de concert ! Le niveau de matérialisation “physique” des interprètes et des instruments est exceptionnel, les interactions des musiciens entre eux, la contribution de la salle, les infimes bruits de salle sont perçus comme en vrai, sans simplification, sans aucune connotation artificielle. Ce système réduit très fortement l’écart entre une prestation acoustique en réel et sa restitution dans un système haute-fidélité.

Un très gros coup de coeur pour cet intégré d’exception, qui s’adaptera facilement à la grande majorité des enceintes du marché, et qui bien associé, vient jouer dans la cour des très grands ! Indiscutablement exceptionnel dans sa zone de prix ! Sans aucune hésitation, le A-3 va rester de manière permanente à l’auditorium !