Lecteur CD/SACD Soulnote S3 et horloge X3 : impressions d’écoute

Image

Le test d’une très belle source comme le lecteur CD/SACD Soulnote S3 et son horloge séparée est toujours un moment marqué d’émotion et d’excitation, Il est en effet toujours passionnant d’expérimenter ce que l’on peut aller chercher de plus fin, de plus intense, de plus vrai dans la restitution musicale.

Le S3 est un lecteur CD/SACD, mais également un DAC permettant la connexion de sources numériques via 1 entrée S/PDIF, 1 AES/EBU et 2 entrées USB. La sortie analogique se fait au choix en symétrique ou en RCA classique. On trouve enfin un petit interrupteur permettant de bybasser l’horloge interne et de connecter une horloge externe.

La face avant comprend sur le côté gauche un bouton pour la sélection des sources, un bouton pour valider ou non le non-oversampling, une inversion de phase et un filtre passe-bas, utilisé par défaut en lecture SACD. Du côté droit, on trouve les commandes classiques de la fonction CD/SACD. Toutes les commandes sont accessibles par la très qualitative télécommande livrée avec l’appareil.

Le chassis est impressionnant avec ses 27 kg, il repose au choix sur 3 pieds inox ou 3 pointes, mais nous y reviendrons plus tard. L’appareil est livré avec une plaque support en bois dur.

Techniquement, la construction est particulièrement soignée, jusque dans les moindres détails. La mécanique CD/SACD et par exemple directement connectée à la terre mécanique par un chassis ultra-rigide débouchant directement sur la pointe avant sur laquelle repose l’appareil.

La conversion est totalement symétrique, avec un transformateur torique surdimensionné par canal, ainsi que 4 puces 9038 pro, le must du fabricant ESS. L’horloge interne a également été soignée, avec un jitter repoussé à 45 femtosecondes. Les composants utilisés sont de très haute qualité, comme les relais à très faibles pertes, un câblage interne en cuivre de très haute qualité isolé teflon, ou les résistances de précision à feuilles de cuivre nu. Les étages de sortie analogiques sans contre-réaction ont été également particulièrement soignés pour éliminer tout bruit résiduel d’alimentation et respecter l’intégrité su signal dans ses plus infimes modulations.

A noter que l’appareil ne dispose pas de réglage de volume, le S3 devra donc être connecté soit à un préamplificateur, soit à un amplificateur intégré.

Les écoutes ont été réalisées en CD/SACD, ainsi qu’en lecture dématérialisée (Auralic Aries G2.1), sur les intégrés SPEC M99 et F33, enceintes Nora et câblage absolue créations séries Tim-Extrême et Tim-Infiny. Toutes les écoute se sont déroulée en mode “non oversampling”, plus naturel et plus musical à nos oreilles.

Avant d’en venir à l’écoute proprement dite, il est utile de parler de la mise en oeuvre : si celle-ci a son importance quel que soit le matériel, elle est ici essentielle, et la performance dépendra grandement du soin apporté à l’installation et aux conditions d’écoute.

Pour commencer, le S3 nécessite une longue période de chauffe pour se livrer pleinement, 24 h semblant un minimum. Ensuite l’installation mécanique influence de manière importante les performances, et notamment la parfaite cohérence de la restitution. L’installation sur un meuble découplé est évidement une condition préalable, l’appareil doit être parfaitement horizontal. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec l’utilisation des pointes fournies avec l’appareil sur la plaque en bois également livrée avec l’appareil, le tout découplé par les supports Hifistay Soft Jelly ou mieux encore les hardpoint Trinia. Le raffinement et la subtilité de cette source sont tels que tout changement s’entend instamment à l’écoute.

Dès les premières notes, on retrouve immédiatement cette sensation du “high end”, cette capacité à nous captiver par la foultitude d’informations et par cette présentation dans l’espace incarnée, dense et très palpable. Le S3 a cette capacité à re-créer une image crédible, avec beaucoup de détail et une densité dans l’espace qui donne une intensité et une vérité particulière à ce que l’on entend. On pourrait passer en revue toutes les qualités des sources de cette gamme de prix, comme la largeur et la profondeur de scène, l’effet 3D particulièrement crédible, la parfaite intelligibilité du moindre micro-détail… Mais il me semble plus intéressant de parler de ce qui fait sa force, de ce qui le distingue du reste de la production.

Le S3 n’est pas là pour faire le spectacle, son truc à lui c’est de vous plonger au plus près de l’interprétation, de vous faire vivre la prestation, en re-transcrivant chaque nuance avec un immense respect de la musique. Rien n’est enjolivé, il n’y a pas un parti pris particulier en termes d’esthétique sonore : cela veut dire que le résultat d’écoute dépendra de la qualité du support dans des proportions plus importantes qu’avec d’autres appareils. Nous avons fait des écoutes réellement superbes en SACD, mais aussi en CD et en écoute dématérialisée. A l’inverse, un support que l’on pourrait qualifier de “plat”, sans relief et sans dynamique, sera effectivement perçu comme tel.

La grande force du S3 est de réussir à aller fouiller tous les infimes détails de la l’interprétation musicale, sans que jamais rien ne devienne ostentatoire, et sans sensation de manque d’aucune sorte.  Déjà les échelles sont respectées, les instruments conservent leur taille réelle, la sensation d’espace également : la scène peut sembler virtuellement sans limite ou à l’inverse très intime, suivant les conditions d’enregistrement. Il est difficile de le décrire précisément avec des mots, mais le ressenti de la prestation dans son espace propre sonne vrai, le cerveau comprend immédiatement de qui se passe et “voit” l’environnement autour des musiciens de manière spontanée, sans avoir à intellectualiser, à reconstruire l’image avec un effort particulier. En termes de ressenti pur, on a ce sentiment du vrai, et sans y prêter attention, on porte notre attention sur l’aspect artistique, sur l’interprétation, et non pas sur la perception de tel ou tel détail.

Les détails, pourtant, ils sont bien là, à la fois dans tout ce qui se passe à bas niveau, en fond de scène sonore, mais aussi dans la perception de toutes les subtilités des attaques de notes, des particularités de diction, des réverbérations… Le détail au service du vrai, pas du spectacle. En effet à aucun moment on ne ressent cette sur-exposition dans le haut du spectre, qui peut donner cette impression de “détail” et de spatialisation, le haut du spectre ne se manifeste jamais en tant que tel, le S3 nous présente l’oeuvre comme un ensemble indissociable, et on a effectivement spontanément tendance à l’écouter comme tel. Ce n’est aucunement un renoncement à l’appréciation des détails, mais la jouissance d’être en capacité de comprendre l’intégralité de l’interprétation dans ses infimes subtilités sans effort , sans concentration, l’oeuvre vient à nous, sans que le cerveau ait quoi que ce soit à interpréter. On est purement dans la perception spontanée, dans le ressenti.

Si l’intégration du haut du spectre est juste parfaite, il en est de même pour les autres registres, qui ne se manifestent jamais en tant que tels, la cohérence est réellement exceptionnelle. Pour autant le S3 sait faire preuve d’une autorité impressionnante dans le registre grave notamment, mais seulement lorsque la musique le demande, on ne note aucune sur-épaisseur, ou aucune exagération, quelle que soit la difficulté ou l’intensité du morceau. L’intensité ressentie est exceptionnelle, de même que la finesse de modulation et la lisibilité de l’ensemble du registre grave : le S3 permet à l’amplificateur et aux enceintes de montrer tout leur potentiel (parfois insoupçonné !) dans ce domaine ! Ce qui est intéressant c’est cette dynamique et cette richesse dans le bas du spectre, mais toujours comme une partie intégrante de la musique, sans que jamais rien de déborde ou ne semble surjoué. On arrive à mettre toute une pièce en vibration, en ressentant en même temps un contrôle total de ce qui se passe, vraiment très impressionnant !

La clé semble être une maitrise ultraprécise, tant sur l’amplitude des signaux que sur l’aspect temporel, ce qui nous donne cette impression d’immédiateté, de rapidité, de dynamique, de justesse et de plénitude à la fois, de sensation de vrais sons. Je n’ai pas encore prononcé le mot, mais bien évidemment on comprend à la suite de ce qui a été dit que les timbres sont exceptionnellement justes, riches et réalistes.

Enfin, l’impact de l’horloge X3 : Nous avons pris énormément de plaisir à l’écoute du S3, et nous n’aurions certainement pas été malheureux d’en rester là… Mais quand il faut se sacrifier… Nous avons donc connecté l’horloge X3 et le câble RCC-1 proposé en option (attention, les appareils doivent être débranchés pour ce faire).

Alors comment quantifier l’apport de l’horloge X3 ? Pour faire court : indiscutable, jouissif, essentiel ! Tout ce qui a été écrit plus haut reste valable, mais on remonte généreusement le curseur : pour tout dire, si on a une sensibilité à la musique quelque peu exacerbée, il ne faut même pas hésiter une seconde : de manière indiscutable l’horloge donne son plein potentiel au S3 et apporte cette magie de l’évident, de l’intense, de l’émotion pure : il n’y a plus d’électroniques, plus d’enceintes, juste le concert ! L’apport de l’horloge est d’une telle évidence et d’une telle cohérence que l’on ne peut pas s’empêcher de penser que la solution a été dès le départ pensée par Soulnote comme un ensemble S3+X3. D’ailleurs le DAC de la série 3 de la marque, le D3 ne fonctionne qu’avec l’horloge X3…

En termes d’associations, le S3 mérite des maillons à sa hauteur, sa cohérence très aboutie et sa musicalité exceptionnelle seront gage d’une parfaite transparence en ce qui concerne la performance de l’amplificateur et des enceintes, sans oublier le câblage. La différence de rendu entre les 2 intégrés SPEC (M99 et F33), si elle a toujours été incontestable, est ici particulièrement évidente : si le M99 surprend toujours par son équilibre, son naturel et son réalisme de restitution, l’association avec le F33 apporte encore plus d’aisance, plus d’autorité, plus de facilité, pour une écoute particulièrement cohérente et jouissive. De même la montée en gamme sur les câbles de la série Tim Extrême vers Tim Infiny est très révélatrice, avec en toute logique une progression sur tous les critères, mais surtout, ce qui n’est pas forcément évident, on re -créé un équilibre encore plus abouti, encore plus cohérent. Plus on lui en donne, au mieux le S3 exprime sa très grande maturité de conception. Associé à l’horloge X3, avec une mise en oeuvre soignée, le S3 peut constituer la source d’un système de très très haut niveau, il rendra justice à des électroniques à plusieurs fois son prix, sans aucun doute.

En conclusion, le S3 est une superbe réussite pour qui aime la musique dans toute sa richesse et dans toute sa subtilité. Il réussi à restituer les oeuvres jusque dans leurs plus infimes détails sans jamais tomber dans la démonstration ou autre démarche analytique plus ou moins stérile. Ici le spectaculaire tient dans le contenu artistique et musical lui-même : le jeu des musiciens, l’ambiance et l’espace autour des musiciens, le raffinement de chaque détail, la subtilité, mais aussi la force et la dynamique quand elles sont présentes. Une écoute dont on ne se lassera pas, et nous permet de mieux comprendre les artistes et leur oeuvre.

Gros coup de coeur !