Soulnote E2 : impressions d’écoute

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La marque Soulnote est maintenant bien implantée au magasin, nous avons été conquis par ce constructeur japonais, qui nous propose une approche de la reproduction musicale extrêmement rigoureuse, non pas dans le sens austère ou rigide, mais dans le sens d’une attention extrême à éradiquer toute interprétation personnelle, à ne rien modifier, ne rien rajouter ou ne rien retirer à la musique. Ces appareils sont extrêmement étonnants dans leur capacité à laisser passer l’intégralité, l’intégrité du message, sans vouloir le maquiller, sans aucune complaisance, mais avec une honnêteté un réalisme exceptionnels très rarement entendus.

Nous voici donc à tester le préamplificateur phono E2, il sera pour ce test connecté à la platine Rega Planar 8 avec sa cellule Apheta 3, sur les intégrés SPEC (M99 et F33) et le nouveau Audio Analogue Maestro Anniversary RR. Les enceintes choisies sont les Nel Extrême. Le câblage est assuré par Absolue Creations.

Visuellement, on retrouve le chassis de la gamme 2, donc un gabarit identique aux A2 et D2, avec un poids impressionnant de 20 kg ! La construction générale est commune à toute la gamme “2”, elle en reprend toutes les caractéristiques mécaniques (construction, découplage, ventilation) avec bien évidemment des spécificités pour les commandes en face AV ainsi que la connectique.

Le E2 propose 4 entrées phono, dont 1 XLR et, chose plus rare, une dédiée aux cellules optiques. La sélection des sources se fait par un bouton rotatif en face Avant.

La face avant comprend tous les réglages nécessaires suivant le type de cellule MM ou MC, et, chose beaucoup plus rare, une multitude de réglages permettant de lire dans des conditions optimales les vinyles anciens, on y reviendra plus tard.

Les réglages de base sont simplissimes, on a 2 petits poussoirs pour régler la capacitance (100, 200 ou 350 pF) en MM. Si aucune capacitance n’est sélectionnée, on se retrouve automatiquement en réglage MC, il suffit alors de régler l’impédance avec un bouton rotatif (côté droit, valeurs 3, 10, 30, 100, 300 ou 1 kohms), d’éventuellement réduire le gain suivant la tension de sortie de la cellule, ou d’appliquer le filtre de sous-grave, chacune de ces opérations se faisant avec un petit bouton en bas de la face avant. La mise en route pour la lecture standard avec la correction RIAA prend donc littéralement 30 secondes.

Sur la partie gauche de la face avant, se trouvent les réglages permettant de régler les courbes de correction pour les vinyles pressés avant la norme RIAA, on trouve ainsi 3 boutons rotatifs permettant de sélectionner les corrections dans le grave, l’infra grave et l’aigu pour s’adapter précisément au vinyle écouté. Ces réglages permettent 144 possibilités différentes, la documentation très complète répertorie ces réglages préconisés en fonction du label et de l’année. Cette fonction “ancien vinyles” peut être activée par un petit bouton poussoir. A noter également la présence d’une touche “Mono” et une touche “Degauss”.

En face arrière on retrouve la prise IEC, la connectique pour les 4 entrées, un interrupteur validant ou non l’entrée optique, ainsi que les sorties symétriques (XLR) et asymétriques (RCA).

Côté technique, on retrouve en particulier la conception d’alimentation surdimensionnée chère à la marque, avec un transformateur de 400 VA et son imposante batterie de condensateurs de filtrage de faible valeur. La construction est de type double mono, avec des cartes des canaux droite et gauche séparées, les circuits sont eux conçus sans contre-réaction.

A l’écoute…

Un petit aparté avant d’en arriver aux impressions d’écoute : une appréciation est toujours relative, et s’appuie notamment sur notre référentiel d’écoute habituel, on évalue toujours par rapport à ce que l’on connait, par rapport à une écoute à laquelle on est habitué. Ces derniers temps, la majorité des écoutes à l’auditorium se sont faites en CD ou dématérialisé sur le Soulnote S-3 et son horloge X-3, avec le streamer X-3 ou l’Aurender N20. Même si une écoute vinyle se se compare évidemment pas point pour point avec une écoute en dématérialisée, il est quand même important de signaler que le référentiel en termes de ressenti est de très haut niveau !

Le E2 a besoin d’être à température pour donner le meilleur de lui-même, aussi comptez quelques heures pour que l’écoute se pose et que l’on puisse en apprécier toutes les subtilités. Une fois cette étape franchie, on retrouve immédiatement et de manière indiscutable l’ADN de la marque : Les premiers mots qui viennent à l’esprit sont Intense, Grand, Incarné, Vivant, Juste. On pourrait en rajouter encore un certain nombre, mais disons qu’on a immédiatement le sentiment d’y être, on entre immédiatement dans la musique sans se poser la moindre question ! Il y a quelque-chose de jouissif, d’instinctif dans la manière de vivre la musique, On a une impression de totale plénitude, du grave à l’aigu, on a le sentiment que tout est vrai, incarné, réel. Il est évident que Soulnote a réussi à enlever beaucoup de couches entre la réalité et ce que le système restitue, on perçoit une liberté, une absence de contrainte, à la fois dans la dynamique, dans la matière, dans la force, et également en termes d’épanouissement dans l’espace, qui parait virtuellement sans limites palpables. Je soupçonne que la conception des alimentations joue un rôle non négligeable dans ce ressenti, combinée à un choix de composants de haut niveau, ce dernier point étant absolument incontournable pour espérer arriver à ce niveau de raffinement.

Point commun avec les D-2, S-3 et X-3, Soulnote excelle encore une fois dans l’art de fabriquer des sources “musicales” dans le sens ou l’on se plonge immédiatement dans la musique et l’interprétation plutôt que d’écouter des appareils. Petite précision : le terme “musical” est souvent associé à “gentil” ou “doux” quand on parle d’un appareil hifi. Pas de çà ici, le E2 n’est ni doux, ni gentil, il est juste vrai, il restitue la musique avec une liberté, une droiture, une justesse sans faille, sans l’ombre d’un parti pris ou d’une quelconque coloration flatteuse. Le résultat pourrait être juste techniquement performant, mais le E2 arrive à marrier cette rigueur extrême avec le fait de s’effacer totalement et de laisser passer l’atmosphère, l’émotion, l’ambiance, l’essence même du jeu des musiciens.

Sur l’album “Sinatra -Basie” (1962), On est littéralement plongé dans l’ambiance, il en devient vraiment difficile de ne pas commencer à bouger au rythme de la musique, l’intensité des cuivres est étonnante de réalisme et de crédibilité, et le bas du spectre est restitué avec à la fois une grande intensité, mais également une agilité exemplaire, l’équilibre ressenti est juste parfait, quel que soit le niveau d’écoute. Une de mes habitudes pour me faire une idée la plus juste possible est de passer des styles musicaux très différents pour déceler un éventuel parti-pris dans la conception. Et bien le E2, reste souverain tant sur du jazz que du classique, du Rap, Rock ou métal… On retrouve toujours cette énergie qui semble inépuisable, cette plongée spontanée dans l’univers du morceau, cette justesse de timbres, cette absence d’inertie, cette dynamique totalement libérée et une scène sonore totalement épanouie avec une densité remarquable !

Je suis pour ma part totalement insensible aux restitutions cliniques, ultra-précises, mais ou on ne retrouve pas vraiment les ambiances, le sens général du morceau. Je deviens également très vite intolérant aux colorations quelles qu’elles soient, qui superposent toujours le même filtre quel que soit le morceau écouté. Mais pour prendre du plaisir,  j’ai également besoin d’avoir accès au punch,  à la dynamique, au détail, à la finesse des attaques, à la longueur des extinctions de notes, à la perception de l’espace… L’équation n’est pas facile à résoudre, ni pour les sources, ni pour les amplificateurs, idem pour les enceintes et même les câbles !

Le E2 rend toutes ces questions futiles, votre attention est immédiatement happée par la musique, et le plaisir est là sur tous les vinyles, même si ce ne sont pas des galettes audiophiles ! Quitte à déclencher quelques moqueries, je me suis surpris à me repasser l’album “Easter” de Patti Smith, ou le Black Album de Metallica avec un plaisir que je n’aurai pas imaginé ! Il y a quelque-chose d‘instinctif, de spontané, de franc et d’entier dans la présentation du E2, il vous met en relation directe avec l’artiste et l’ambiance de l’enregistrement, avec une énergie communicative qui semble sans limite. Et même s’il y a évidemment des limitations à la qualité d’enregistrement de certains disques, vous avez quand même accès à 100% de l’interprétation ! Le plaisir ne se trouve pas sur un critère en particulier : le E2 a le même niveau d’aboutissement en termes de raffinement, de précision et de finesse des timbres, que de dynamique, d’énergie ou de force brute.

Sur ce point en particulier, concernant l’énergie et la force ressentie, la densité, Soulnote a indiscutablement trouvé quelque-chose sur ses sources : Comme cela m’avait frappé sur le streamer Z-3, le E-2 a cette capacité à donner de l’intensité, de la palpabilité et une force surprenante de vérité à la restitution. Les enceintes semblent avoir triplé de volume, la force et le réalisme ressentis sur les impacts sont impressionnants ! Impressionnants dans le sens “comme en vrai”, car on reste toujours dans une cohérence totalement inébranlable, le E2 ne joue jamais sur l’exagération ou la caricature, quel que soit le style musical ou le niveau d’écoute.

Ce magnifique préamplificateur phono vous ravira quel que soit le style musical, c’est une valeur sûre parce-que sa conception est d’une rigueur et d’une qualité vraiment exceptionnelles, parce-qu’il est d’une honnêteté sans faille, il vous livrera chaque nuance de chaque disque sans rien cacher, et sans jamais y rajouter sa propre couleur. C’est un appareil certes déjà cher, mais qui s’appréciera d’autant plus dans la durée, et que l’on gardera très très longtemps.

En termes d’association, ce test aura permis de démontrer le potentiel étonnant de la Rega P8 avec sa belle cellule Apheta 3. Le E2 l’a littéralement propulsé dans une autre catégorie ! Ceci dit, on pourra l’associer avec bonheur avec des platines encore plus prestigieuses, il s’en exprimera d’autant mieux ! Côté câbles, nous avons fait quelques tests, le E2 s’affirme bien comme un appareil de très haut de gamme, et réagit très positivement aux câbles secteurs comme aux câbles de modulation.

Si vous aimez vous laisser attraper par la musique, ressentir ce plaisir brut, instinctif, spontané et intense que l’on prend dans des concerts acoustiques, si vous aimez la musique sans filtre, le café sans sucre, le chocolat noir, alors le E2 vous donnera accès à un niveau de plaisir rare ! Associez-lui une (très) belle platine, et vous obtiendrez une installation vinyle d’exception dont vous n’êtes pas prêts de vous lasser !

Un très gros coup de coeur pour cet appareil d’exception, au sens littéral du terme !

N’hésitez pas à nous contacter pour une écoute !