SPEC RSA-EX100 : impressions d’écoute

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Présentation

SPEC nous présente ce tout nouvel intégré clairement positionné très haut de gamme (29 k€), qui hérite de tout le savoir faire de la marque en matière d’amplification classe D, et qui marque à l’écoute une avancée très importante par rapport à la génération précédente, comparable à la différence entre un M99 et son prédécesseur, ce qui n’est pas peu dire !

Le EX-1000 est un amplificateur intégré minimaliste en termes de fonctionnalités : réglage de volume, sélecteur de sources, 3 entrées RCA et 2 entrées XLR, et 2 paires de bornes HP très qualitatives. Seule particularité : 2 interrupteurs à l’arrière de l’appareil permettant de sélectionner 2 niveaux de gain (0 ou 6dB). La télécommande est déportée, le récepteur étant alimenté séparément par son propre bloc alim et connecté à l’amplificateur par une prise mini jack. Le boitier de télécommande proprement dit est en aluminium taillé dans la masse, et inclut les commandes volume +, – et mute. Elle est fournie de série.

Esthétiquement, on est dans la lignée des blocs de puissance MG1000, avec un mélange lasure bois orangée et noir mat. C’est une question de gout, je trouve pour ma part l’objet agréable à l’oeil et valorisant.

En termes de dimensions, il faut noter sa profondeur conséquente (52,4 cm) et son poids respectable de 28 kg.

Construction

La qualité visuelle ne souffre d’aucune critique, les boutons sont agréables à utiliser, et les connexions sont toutes d’excellente qualité. Le châssis dans son ensemble a été conçu pour offrir un écrin extrêmement protecteur à l’électronique, avec une stabilité mécanique exemplaire, et surtout sans mode de résonance propre. Il repose sur 3 pieds usinés en bois massif (2 essences différentes), et nous y reviendrons plus tard, il semble bien que les recettes utilisées fonctionnent ! En termes de conception électronique, une attention particulière a été portée à la préservation des plus infimes modulations du signal : Dans ce but, l’implantation des composants a été retravaillée, la carte principale est entièrement nouvelle, conçue pour raccourcir au maximum le trajet du signal, et donc limiter toutes les petites perturbations générées par les liaisons, qu’elles soient en circuit imprimé ou câblées. L’utilisation de câble est d’ailleurs réduite au minimum.

Les différents modules sont blindés séparément, et l’intérieur de l’appareil est recouvert d’une couche spécifique pour lutter contre les perturbations électromagnétiques. Tout cela peut paraitre exagéré, voir ésotérique pour certains, mais on sait que l’oreille humaine est sensible à des phénomènes très ténus, que même les systèmes de mesure ont du mal à mettre en évidence. Donc, on l’a bien compris : objectif numéro 1 par dessus tout le reste : ne pas dégrader le signal même d’une infime proportion.

S’il y a eu un gros travail de fait sur les composants actifs, SPEC a également sélectionné de manière très exigente les composants passifs, et en particulier les condensateurs, afin d’éliminer virtuellement toute signature sonore propre. Une attention particulière a été portée sur l’association des différents condensateurs afin de trouver un équilibre subjectif neutre, gage de réalisme et de naturel.

Le EX1000 délivre jusqu’à 200 W par canal, les modules d’amplification ont donc été dimensionnés en conséquence et, rien que sur ce critère, il se différencie nettement du F33, en doublant quasiment la puissance disponible en sortie. L’alimentation est conçue en conséquence, avec un transformateur R core de 600 VA, ainsi que d’imposants condensateurs de filtrage, solidement stabilisés mécaniquement et reliés électriquement par une barre de cuivre.

Un mot sur le dimensionnement de l’alimentation : 600 VA avec un rendement de l’ordre de 90 %, ça laisse entrevoir une marge confortable à l’écoute. Pour rappel, le rendement moyen en classe A/B est d’environ 50 %. La différence entre les 2 configurations est la même qu’un moteur de voiture de 200 chevaux installé dans une voiture de 1800 kg (A/B) et 1000 kg (D). Les sensations au volant ne sont pas du tout les mêmes !

Mise en oeuvre

Je vais commencer (encore une fois…) par dire un mot du rodage. L’EX1000 a été reçu après environ 1 mois d’utilisation (écoute quelques heures chaque jour). Même si ses qualités principales se sont révélées dès la mise en route, il faudra attendre encore une bonne douzaine de jours de fonctionnement (pas simplement sous tension), pour que tout prenne sa place, se stabilise, et que l’on puisse mesurer le niveau réel d’aboutissement et de performance de l’appareil. Attention donc aux conclusions hâtives si cette période de rodage n’est pas terminée (environ 600 à 700 h de musique).

Concernant l’installation mécanique, nous l’avons tout simplement installé sur notre meuble Atacama découplé par supports hifistay. Nous n’avons à aucun moment ressenti l’envie ou le besoin d’en faire plus, ce qui n’est pas si souvent le cas… Cela va dans le sens du bien fondé de la conception du châssis sur ses 3 pieds en bois massif. Dernier point pour terminer, le EX1000 semble aussi à l’aise avec les entrées symétriques qu’avec les RCA, ce qui n’était pas forcément le cas sur d’autres modèles de la gamme.

Ecoute

L’interrupteur de mise en route se situe sous l’avant de l’appareil, une petite pression et le témoin de mise sous tension s’allume sous le logo de la marque, plutôt sympa… Une bonne heure de mise en température (même si le châssis de l’appareil ne chauffe absolument pas) et on est prêt pour une première séance d’écoute attentive…

Connaissant bien la marque, on retrouve instantanément quelques points de repère, comme ce parfait contrôle des basses fréquences, cette propreté générale de la restitution, cette absence d’agressivité et de coloration. Ceci étant dit, le EX1000 va beaucoup plus loin que tout ce que j’ai pu écouter de la marque avant lui, et ce sur l’ensemble des critères !

Pour commencer par les choses les plus simples à aborder : le EX1000 boxe dans une autre catégorie de poids ! On perçoit instantanément la réserve de puissance, non pas de manière exhubérante ou démonstrative, mais simplement par l’aisance et la facilité avec laquelle les écarts dynamiques sont restitués, on perçoit une grande liberté, une absence de compression ou de stress, aussi bien à faible volume qu’à des niveaux très élevés. Ce phénomène est d’autant plus évident quand on lui associe les enceintes 3 voies NORA : le filtre 3 voies est plus complexe d’en 2 voies, il pose plus de contraintes à l’amplificateur, et l’impédance descend à 2,9 ohm dans le haut-grave, demandant plus de courant à l’amplificateur. Dans ces conditions, le EX1000 se montre impérial, il ne donne jamais l’impression de transpirer, on ne ressent aucune compression, aucun fléchissement en termes d’équilibre ou de contrôle.

De manière très cohérente avec cette sensation de puissance, on remarque immédiatement une scène sonore large, qui semble libérée de toute contrainte : c’est grand, voir très grand suivant les enregistrements ! La sensation de profondeur est également bien présente, réaliste, avec une remarquable précision, sans jamais paraitre exagérée. On n’entend plus les enceintes, on ne sait plus les localiser. Au delà du remarquable déploiement dans l’espace, on note également la présence et la densité des instruments et des voix, qui, après plusieurs sessions d’écoute sur la durée, semblent vraiment justes : on n’est pas dans quelque-chose d’éthéré, un peu évanescent, qui manquerait de matérialisation et d’incarnation, mais on ne tombe pas non plus dans les effets de « sur matière » qui avec certaines électroniques enveloppent et densifient artificiellement la scène sonore de manière systématique. De morceau en morceau, on apprécie facilement les différentes couleurs de la prise de son et du mastering, sans jamais avoir cette sensation de redondance, de volonté de proposer une esthétique sonore qui teinterait chaque morceau de la même manière.

Cet aspect de la performance de l’EX1000 se révèlera intégralement uniquement une fois le rôdage réalisé, à ce moment là on a le sentiment que la magie opère, que tout est à sa place et que notre attention se porte exclusivement sur l’appréciation de la prestation de l’artiste.

On vient de parler de cette sensation de justesse dans la densité et la matière, et bien entendu on va tout de suite faire le lien avec l’équilibre tonal. Quand on parle d’équilibre tonal d’un amplificateur, cela peut paraitre ridicule, car si on mesure n’importe quel intégré décent avec un sweep de fréquence, la linéarité sera sans reproche quasiment dans 100% des cas. Là ou ça se corse, c’est quand l’amplificateur doit être fidèle dans le mode temporel, c’est à dire suivre EXACTEMENT le signal musical, sans retard et sans sur-oscillation, et ce quel que soit la forme et l’amplitude de ce signal, avec de plus la contrainte d’une courbe d’impédance des enceintes qui n’est jamais linéaire. C’est cette capacité qui va donner (ou pas) l’équilibre tonal.

Dans le cas de l’EX1000, il lui aura fallu l’intégralité de sa période de rodage pour se caler parfaitement (différence des temps de rôdage des composants). Une fois cette étape franchie, on remarque l’extrême justesse et l’extrême précision sur les frappes, les attaques de notes, les réverbérations : la richesse est bien là, on capte facilement chaque nuance, mais surtout on est dans quelque-chose de juste et réaliste, à quoi on croit spontanément.

On parle parfois de rapidité au sujet d’un amplificateur, et cet aspect est primordial, même s’il ne dit pas tout. Pour revenir au suivi temporel du signal musical, on comprend facilement que l’amplificateur doit être capable de suivre les variations les plus brutales sans retard, mais en même temps sans sur-oscillation non plus : il faut à la fois la rapidité et un amortissement optimal. Et c’est ce que l’on ressent à l’écoute : les transitoires sont retranscrits de manière instantanée (rapidité), mais en même temps on ne ressent aucun stress, aucune nervosité ou agressivité (amortissement optimal). Lorsque l’on combine ces qualités à un niveau de bruit résiduel très bas, on a accès à tous les micro-détails avec leur localisation, leur matière, leurs harmoniques, de manière naturelle et réaliste.

Un autre élément qui révèle cet équilibre parfaitement maîtrisé quel que soient les instruments ou les types de voix restitués, c’est l’intelligibilité : Plusieurs fois lors d’écoutes pas forcément attentives (en travaillant, pas forcément en position d’écoute d’ailleurs), les paroles de morceaux en Anglais sont venues spontanément à moi, me surprenant à m’y intéresser sans effort, sur des morceau pourtant maintes fois écoutés auparavant. Cela semble un bon indicateur de réalisme, et il faut bien admettre que SPEC a fait un travail vraiment remarquable sur ce point !

Alors bien entendu il est toujours difficile de traduire en mots ce qu’on ressent à l’écoute, et on est obligé de compartimenter un peu l’approche pour essayer de transmettre ce qu’on ressent, mais évidement tous ces critères qu’on énumère ne sont chacun qu’une des multiples facettes d’une seule et même performance. Timbres, dynamique, scène sonore, détails, naturel, réalisme, tout cela dérive de la rigueur de suivi temporel du système par rapport au signal enregistré. De même, la manière dont on arrive aux conclusions peut être questionnable : on peut dire qu’un appareil timbre très bien sur un violon par exemple. Mais que ce passe t-il si on rajoute une contrebasse, une batterie, une voix puissante, tout ça en live avec les réverbérations de salle ? ça timbre toujours ? Et bien pas tout le temps…

ça n’est qu’un exemple et une petite digression pour en venir à un point vraiment discriminant lors de l’écoute de l’EX1000. Quand je veux évaluer un appareil, ou quand je développe une enceinte, je passe systématiquement des morceaux chargés, complexes, et même des morceaux réputés « mal enregistrés ». Le EX1000 se distingue nettement par sa capacité à garder compréhensible tous les morceaux, aussi chargés ou furieux soient-ils : Il impressionne par sa capacité à conserver l’existence propre de chaque instrument, de chaque bruit, de chaque intonation, de chaque réverbération, aussi touffu que puisse être le message.

Attention je ne dis pas que le rendu serait chirurgical, en présentant une juxtaposition un peu artificielle de tous les instruments et des voix, ça n’est pas le cas du tout ! Le EX1000 vous présente bien la prestation comme un ensemble cohérent, comme un tout indiscociable. Simplement on peut apprécier avec une très grande facilité le jeu de chaque instrument si l’on souhaite y porter attention. Il en résulte un confort d’écoute rare, ou l’on n’a pas besoin de concentration pour apprécier l’oeuvre écoutée, on a simplement à se détendre et à être réceptif.

Il me semble que cet aspect à lui tout seul synthétise bien ce que propose cet intégré de haute volée : vous délivrer la musique quelle qu’elle soit, avec des précautions infinies, pour que vous puissiez en apprécier tous les aspects jusque dans les moindres subtilités, sans que le cerveau ait à travailler pour comprendre ce qui se passe…

On a peu parlé des performances dans le registre grave, non pas parce qu’elles ne sont pas au niveau, mais parce qu’on ne se pose même pas la question : le niveau de contrôle est pour ainsi dire total, dans ce que l’on a entendu de mieux en termes de réalisme, de définition, et d’intégration dans le message musical. Aucune boursouflure, aucun effet de masque, tout est à sa place, point barre.

Une des conséquences de tout ce que l’on vient de dire, c’est que l’on peut écouter absolument tout style de musique, sans jamais avoir le sentiment que quelque-chose manque ou ne suit pas. le EX-1000 nous fait totalement oublier les difficultés techniques de la reproduction musicale : la technique a été poussée à un niveau d’excellence, mais elle s’efface ensuite totalement et la chose parait naturelle, évidente et facile.

Conclusion

Quand on teste un intégré à ce niveau de prix, on attend quelque-chose d’extra-ordinaire, de spécial, qui justifie ce positionnement de très haut de gamme. Très franchement, le prix est toujours un sujet difficile, qui sera perçu différemment par les uns et les autres, mais on peut assurément dire que le EX-1000 se distingue nettement du reste de la production et se positionne à l’écoute dans le cercle très fermé des tout meilleurs intégrés. Le choix de SPEC de travailler la classe D était un pari osé, car beaucoup d’audiophiles méprisaient (et pour certains méprisent encore) cette technologie, ne jurant que par les tubes ou transistors en classe A. Avec le EX-1000, SPEC nous livre l’énorme travail qu’ils ont réalisé sur cette technologie classe D depuis des années, avec un résultat qui impressionne en termes de performances, de musicalité et de maturité générale.

La philosophie de son réaliste affichée par la marque n’est pas qu’une posture marketing, on ressent parfaitement à l’écoute cette recherche du réalisme, au sens puriste du terme : retrouver la sensation des instruments physiques. Il y a quelque-chose de pur, non transformé, non pollué dans l’écoute de l’EX1000. Pour reprendre une image que j’avais déjà employée, SPEC a choisi la voie du café sans sucre : l’odeur, le goût, les arômes du café, et c’est tout ! Et avec cet intégré vaisseau amiral, tout a été réalisé avec une précision chirurgicale : moment de la cueillette, température et durée de la torréfaction, réglage du moulin, température de l’eau… Objectif : conserver toute la richesse et la subtilité de la matière brute jusqu’à la tasse de café.

Cet appareil s’adresse donc aux mélomanes débarrassés de toute quête d’une esthétique sonore particulière, et qui souhaitent accéder à la prestation musicale telle qu’elle a été gravée sur le support sans altération, sans artéfact électronique, sans enrobage ou coloration. Le EX-1000 vous gratifiera d’une écoute infiniment respectueuse du support, jamais redondante, en vous donnant accès aux plus infimes aspects dans un confort d’écoute jamais mis en cause.

Tous les détails sur le EX-1000 ici

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