Serveur musical Soulnote Z-3 : impressions d’écoute

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La marque Soulnote est désormais bien présente à l’auditorium, avec l’intégré A2, le DAC D2, et dernièrement le majestueux S-3 ainsi que l’horloge X-3. Quand Patrice m’a proposé le test du Z-3, je n’ai évidemment pas résisté très longtemps !

Présentation

Le Z-3 se présente dans le même boitier aluminium à la finition irréprochable que le S-3, format pour le moins imposant pour un “simple” serveur musical sans convertisseur. Le poids de 20 kg donne une idée du soin accordé à la conception et à la fabrication de cet appareil d’exception.

En face avant on trouve le bouton de mise en marche et son voyant, ainsi que les Led indiquant l’entrée (LAN/USB), la sortie (USB ou Zéro Link) et le format lu (PCM/DSD). En face arrière, on retrouve l’entrée réseau optique SFP (adaptateur RJ45 fourni), l’entrée USB, ainsi que les sorties USB et Zéro Link. Une entrée USB dédiée aux mises à jour est également présente.

Optimisation mécanique extrême, la prise IEC, tout comme le reste de la connectique, est montée ‘flottante”, totalement découplée du châssis. L’appareil repose comme toute la gamme Soulnote sur 3 pointes, et est livré comme tous les appareils de la série 3 avec une base en bois dur permettant de supporter les pointes.

Le Z-3 dispose d’une alimentation surdimensionnée et extrêmement soignée : le transformateur de 260 VA situé en position verticale à l’avant est relié mécaniquement directement à la pointe avant, ce qui assure une mise à la terre mécanique parfaitement optimisée.

Le redressement se fait par des diodes ultra-rapides Sic, et le filtrage de l’alimentation est assuré par 70 condensateurs de haute qualité à faible ESR. On note également un oscillateur à quartz thermostaté très belle qualité. Enfin, la liaison “Zéro Link” optimise encore le transfert de données, en permettant notamment au Z-3 de se synchroniser sur l’horloge du DAC (D-2 ou S-3), ou encore mieux à l’horloge externe X-3 si celle-ci est connectée.

Fonctionnalités et mise en oeuvre

Le Z-3 est un serveur musical Roon ready, il peut également être piloté par une application UPnP comme MConnect. Il n’y a aucun service musical ou radio intégré. En termes de connectique de sortie, le Z-3 est également limité, avec le choix entre l’USB ou la sortie Zero Link vers un DAC de la marque.

Nous avons pour notre part effectué la majorité des essais relié en Zéro Link vers le S-3, et utilisé l’application MConnect, certes limitée, mais stable et fonctionnelle. Les écoutes se sont faites sur Qobuz Hi Res. Nous avons intégré le Z-3 dans notre système de référence : CD/SACD/DAC Soulnote S-3, intégré SPEC F33, câblage Absolue créations Tim-Extrême / Tim Infiny, câbles secteur Versailles, enceintes Nel Extrême et Nora. la liaison réseau se fait via un switch Silent Angel et son alimentation linéaire, câblage Absolue créations Data Tim. Le Z-3 a été positionné avec ses 3 pointes sur la planche fournie, elle-même découplée par des Hifistay Soft Jelly. Il y a matière à expérimenter sur l’installation mécanique, celle-ci peut effectivement influer de manière audible sur la présentation.

Ecoute… et Ecoute !

Le Z-3 que nous avons testé est arrivé après avoir déjà réalisé quelques démos, nous l’avons donc installé et laissé tranquille 24h le temps qu’il se mette à température. Premières écoutes, premier ressenti : C’est grand ! C’est ouvert ! Quelle énergie ! Nous avons été littéralement impressionnés par la liberté et l’intensité de la restitution, l’épanouissement de la scène sonore, et cette impression de puissance inépuisable dans tout le spectre sonore. On a littéralement l’impression d’avoir changé d’amplificateur, d’avoir ouvert le robinet à fond ! La matérialisation de l’espace est palpable, large, profonde, on perçoit les espaces d’enregistrement de manière tellement facile, tellement réaliste ! Bref, une première écoute impressionnante à laquelle nous ne nous attendions pas ! Mais on ne juge pas un appareil de ce niveau uniquement sur une première approche à chaud…

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, nouvelle écoute, avec toujours cette même impression de grandeur et de réalisme de l’espace sonore. Cependant je suis obligé d’admettre que malgré ce spectacle grand, riche, et gorgé d’une foultitude de détails, je n’arrive pas à faire totalement abstraction du système proprement dit, et me retrouve malgré moi dans une posture d’écoute intellectuelle plus qu’émotionnelle… Impossible de me laisser totalement aller, d’être réceptif à l’ensemble de l’oeuvre, impossible d’arrêter d’analyser, de débrancher le cerveau… Même phénomène les jours qui suivirent…Petite déception donc, car l’objectif, surtout à ce prix, est bien d’oublier le système et de profiter uniquement de la musique… J’ai rapidement pensé à un manque de rodage, et quand on voit ce qu’il y a à l’intérieur de l’appareil, on peut imaginer que ça peut être long… J’ai donc décidé d’être patient… Nous voilà donc partis pour 2 semaines supplémentaires de streaming jour et nuit, avec un arrêt/marche tous les 2 ou 3 jours, histoire de décharger totalement la batterie de condensateurs…Bien m’en a pris, car ce Z-3, s’il ne se livre visiblement pas le premier soir, en avait encore sous le pied, et pas qu’un peu ! Le fait que le Z-3 ait pris le parti d’éviter la moindre coloration, le moindre enjolivement, le moindre confort artificiel, rend particulièrement audibles tous les petits artefacts électroniques que génèrent des composants neufs.

Du coup je fais un petit aparté sur l’importance du rodage, qui est d’autant plus critique que les électroniques ou enceintes sont évoluées et optimisées : C’est un aspect extrêmement contraignant, mais, à ce niveau de performance, il faut compter jusqu’à 1 mois d’utilisation intensive (H24) pour commencer à faire une écoute critique digne de ce nom et juger l’appareil avec les exigences à la hauteur de son tarif. ça peut facilement devenir 6 mois en utilisation domestique ! Tout ça pour dire que si je m’étais arrêté à la première semaine, le Z-3 serait probablement reparti sans que je n’en parle jamais…Certes des qualités indiscutables, mais pas suffisamment de musique à un tel tarif…

Alors que se passe t-il à l’écoute une fois ce rodage terminé ? Et bien toutes les qualités remarquées au départ sont bien toujours là, mais tout cela s’est “posé”, s’est “intégré”. La présentation spatiale, toujours aussi intense, prend désormais tout son sens, gagne en vérité, en réalisme, en humanité, en incarnation. Toute cette partie dans le haut-médium-aigu qui se faisait quelque peu remarquer s’est totalement intégrée au reste du spectre : il y a beaucoup de lumière dans ce que nous propose le Z-3, mais, une fois le rodage terminé, la lumière éclaire de l’extrême grave à l’extrême aigu de manière totalement homogène, c’est une fenêtre toute grande ouverte sur la musique ! En écoutant Beth Hart, I’ll take care of you, piste qui n’est vraiment pas un cadeau pour un système, je me suis dit : Beth Hart a ouvert la porte, là pour le coup elle est dans l’auditorium !

On ressent une telle finesse dans les moindres réverbérations, dans l’espace autour des voix et des instruments, avec en même temps une telle densité, que l’on en arrive à se demander comment tout cela peut sortir aussi distinctement, de manière aussi dense, et avec autant de niveau, d’aussi petites enceintes… Le Z-3 fait preuve d’un contrôle absolu, dans le très bon sens du terme ! En multipliant les écoutes, on remarque une précision magistrale de l’extrême-grave jusqu’à l’extrême aigu, jamais rien ne sort des rails, et c’est vraiment impressionnant de voir à quel point seul le streamer peut impacter la restitution sur ce point ! Alors certes vous me direz que, à ce niveau de prix, c’est la moindre des choses à laquelle on peut s’attendre, et vous aurez raison ! Ce qu’arrive à faire le Z-3, c’est à mettre cette précision au service du vrai, de la compréhension et du ressenti du morceau dans son ensemble, de l’atmosphère, et non pas pour nous jeter aux oreilles une myriade de détails juxtaposés les uns aux autres. Ici on “comprend” la musique, on la vit, dans toute son intensité, dans chacune de ses petites subtilités, sans effort, sans avoir à se concentrer, sans même y penser.

Sur le travail que fait le Z-3, on perçoit ce mélange entre rapidité extrême (instantanéité) et fluidité extrême, qui rend la musique à la fois si vraie, si libre, si riche, et si facile à écouter et à comprendre. Le rendu sur les voix en particulier est sidérant de naturel et de vérité, on identifie sans effort la moindre sifflante due au micro aussi bien que les réverbérations, il n’y a aucune approximation sur le timbre de la voix. Les moindres inflexions sont perçues, la lecture des émotions de l’interprète est évidente, le phrasé prend un sens qui nous échappe dans l’immense majorité des cas. Inutile de dire que la complexité des grandes formations classiques n’en est plus une, tout parait tellement simple et lisible ! Sur des pistes électro très travaillées, la notion d’espace et d’énergie prend des proportions hallucinantes par rapport au volume des enceintes, le Z-3 fait preuve d’une autorité impressionnante, ce qui est particulièrement bluffant dans le bas du spectre ou encore une fois on a l’impression d’avoir transformé nos 17 cm en 38 cm ! Non pas que le niveau de grave soit exagéré, ce n’est absolument pas le cas, mais l’intensité, l’impact, le contrôle et la liberté ressentie (je sais, dit comme ça, cela parait contradictoire, mais c’est ce que l’on ressent à l’écoute !) sont tels qu’on a l’impression que le système n’a pas de limite.

Une fois le Z-3 inséré dans le système, on est simplement frappé par la beauté brute de la musique, pleine, entière, immaculée, respectée jusque dans ses moindres détails, s’installant de manière totalement libre et spontanée dans l’espace. on ressent le plaisir à l’état pur, cet appareil d’électronique et d’aluminium fait sauter tous les verrous et vient nous toucher directement sur le registre du ressenti et de l’émotion.

Il ne fait aucun doute que le Z-3 a bénéficié d’un développement très finement optimisé pour un respect au plus près du flux de données, son objectif principal est bien là : retransmettre cet ensemble fragile  et délicat qu’est la musique sans jamais le modifier ou l’abîmer. Ce n’est pas un appareil bourré de fonctionnalités, il n’y a pas d’écran , pas d’application dédiée, pas même une entrée pour une clé USB. Certains se satisferont du pilotage en UpnP par l’application Connect, sinon, il faudra prévoir un serveur Roon Core, qui permettra alors de profiter des sublimes performances sonores avec la parfaite ergonomie et les nombreuses fonctionnalités de Roon.

Pour conclure, ce que l’on peut retirer de ce test, c’est qu’on ne soulignera jamais assez l’importance de la source dans la performance d’un système. On entend parfois que le digital n’est fait que de 0 et de 1, et qu’il n’y a aucun sens à dépenser de telles sommes dans un streamer. L’expérience prouve largement le contraire, et ce jusqu’à des niveaux de performances exceptionnels ! Il faudra investir très très sérieusement dans un drive CD, ou une installation vinyle, pour surpasser la musicalité du Z-3…

Si on fait l’effort d’intégrer le Z-3 sérieusement dans un système à sa hauteur, en soignant la liaison réseau, le câble secteur et l’installation mécanique, la récompense à l’écoute est tout simplement grandiose !

Enorme coup de coeur !